Poésie Haïbun - Jusqu’au bout de moi
Mardi, 8 h 00. Notre-Dame-du-Bon-Conseil. Je me suis réveillée en sursaut en entendant bardasser la gratte du déneigeur dans la cour. De toute façon, je n’avais dormi que d’un œil. Un grand évènement se tramait chez les Aquin et je souhaitais être des leurs en esprit, à défaut de pouvoir l’être de corps, confinement dû à la COVID ainsi que le couvre-feu m’y obligeant. Laurence, la fille de Jocelyne, m’avait avisée la veille qu’aujourd’hui serait un grand jour pour sa mère, car toute sa famille viendrait la voir tantôt.
seize février –
un dernier coup de houppette
de son poudrier
Mais reculons dans le temps… Jocelyne et moi faisons connaissance lors d’un atelier d’écriture de haïku chez une amie commune il y a deux ans de cela. Puis, elle me contactera le 13 janvier dernier pour m’annoncer sa fin toute proche et pour me partager son dernier haïku que nous retravaillerons ensemble. Incapables de nous en tenir à ce seul poème, nous entamerons, ce même jour, l’écriture de l’ouvrage de haïbun que voici et dont elle ne cessera de l’écrire que le 7 février du mois courant. Se fixer pour but de produire un premier livre pour cette femme, dans un genre littéraire qui lui est tout à fait inconnu, tient déjà du miracle si l’on considère qu’elle est atteinte d’un cancer de stade 4 en phase terminale. Il démontre, sans conteste, une force de caractère hors du commun, mais encore une urgence de vivre inouïe afin d’y parvenir en à peine quelques semaines puisqu’elle sait que ses jours sont comptés.
Aussi, le haïbun, en tant que composition littéraire mariant la prose et le haïku japonais (petit poème réparti sur trois lignes selon le rythme court/long/court), s’est révélé la forme d’expression la plus appropriée pour raconter ce que l’autrice vit ici et maintenant. Or, dans cette course contre la montre, l’écriture n’est jamais linéaire… Il y a les bons jours où elle nous confie des petites joies domestiques. Mais il y a les mauvais jours et les longues nuits ponctuées de périodes d’éveil où les souvenirs affluent, tel le jour où tout a re-commencé… Ainsi, le ton est donné : la lecture suit un mode aléatoire plutôt qu’un ordre chronologique. On voyage, d’hier à aujourd’hui, mais toujours au présent. De plus, nous tenons à avoir quelques illustrations dans un style figuratif pour alléger l’atmosphère parfois assez poignante de certains textes en prose qui, jumelés au haïku, forment un bel arrangement.
seize février –
un ultime coup de plume
dedans l’encrier
[…]
Diane Descôteaux
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La note est de 5.0 sur cinq étoiles sur la base de 5 avis
20,00C$Prix
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Avis
À la lecture de ce magnifique texte, j’ai rencontré en la personne de Jocelyne quelqu’un que je ne connaissais qu’à travers [trois femmes]. Je pense que j’aurais eu beaucoup de plaisir à discuter avec elle. Il m’a semblé que tellement de choses nous relient, dont le milieu médical, la beauté de l’hiver, les marches en forêt, et la fierté que nous procurent les enfants devenus grands.
Avec son immense talent, elle a su non seulement capturer l’essentiel, mais nous entraîner avec elle à travers les méandres de sa douloureuse condition de santé, sans toutefois nous en accabler. Elle a gardé un tel équilibre, et la justesse du ton et des propos est incroyable. Les illustrations sont également remarquables. Toutes les personnes qui ont collaboré de près ou de loin à ce magnifique récit doivent éprouver beaucoup de fierté d’avoir permis à Jocelyne de réaliser un dernier rêve. Bravo à tous et à toutes !
(6 mai 2021)
« Jusqu’au bout de moi » : extrêmement touchant. Je l’ai lu len-te-ment… afin d’accueillir chaque réminiscence confiée au seuil de la mort. Quel courage à l’heure de graves souffrances, quelle détermination à l’heure du grand départ, que de réussir à écrire sa vie pour la partager avec sa famille, pour garder une trace de beaux, bons, tristes, douloureux moments. En tant que parfaite inconnue, je me sens privilégiée d’accéder à la voix intérieure de l’autrice. (19 mai 2021)
Je suis 100 mots Diane pour te dire toute mon admiration pour votre travail acharné: un accomplissement des plus remarquables.
Dès les premiers mots, je fus captivée, émue, privilégiée de ce partage poignant et merveilleux tout à la fois, tant, que non seulement j’ai tout lu, tout vu, tout entendu, tout ressenti; c’était comme si je visionnais un film gravé dans le temps.
Bravo à vous 2.
Voilà, j’ai terminé « Jusqu’au bout de moi ». Quel livre lumineux! Cela m’a replongé dans mes souvenirs de la fin de vie d’une grande amie qui m’avait choisie pour l’accompagner dans ses dernières volontés. Un immense cadeau, une magnifique leçon de vie. Grâce à toi, Diane, Jocelyne brille parmi nous. (5 mai 2021)
J’ai commencé à lire Jusqu’au bout de moi et, en plus d’être très touchée par le texte, je suis impressionnée de la façon dont il est écrit. Très très bien fait, bravo ! (23 avril 2021)