Poésie Haïku - La luciole attend la nuit pour briller
Avec Diane Descôteaux et Gervais de Collins Noumsi Bouopda, la poésie sous la forme de haïku n’attend pas la nuit pour briller.
L’image du poète solitaire et marginal est totalement écornée à travers des réalisations qui réunissent de réels talents. Cette mise en valeur dispose d’atouts remarquables qui se situent au niveau des points communs comme dans le domaine de la diversité.
Les spécificités de l’écriture d’origine japonaise, dans la forme de haïku, créent le lien et forgent l’unité. Mais la diversité des auteurs apporte une richesse infinie.
Diane Descôteaux offre sa féminité et l’âme de son pays aux espaces immenses et aux hivers légendaires. Le Québec imprègne l’inspiration de rêves et de voyages.
Gervais de Collins Noumsi Bouopda ouvre les portes de l’Afrique et du Cameroun dans ses rythmes, son soleil et ses couleurs en fusion.
Et c’est ainsi qu’au fil des pages apparaît un échange de mots et d’images formidablement bien mis en valeur par la technique du haïku.
Pour compléter la panoplie internationale, la préface est réalisée par le Professeur Giovanni Dotoli de l’université de Bari Aldo Moro en Italie, et les illustrations, sous forme de peinture haïga, sont de Ion Codrescu, d’origine roumaine.
La maison d’édition L’Harmattan, située à Paris, donne toute la valeur de la langue française comme vecteur de communication et d’échanges.
Trois continents, Afrique, Amérique et Europe, se rencontrent dans cet ouvrage autour de la langue de Molière, porteuse d’une culture forte d’humanité et d’universalité.
Avec des acteurs pertinents d’une mondialisation culturelle, ouverte et créatrice, la luciole peut illuminer son univers d’une poésie authentique, humaine et éclairée.
Joël CONTE
Skené – Revue de Littérature française et italienne contemporaines
ANNO III – n. 4 n. s. 2014, Recensioni, p. 152-153.
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Une Blanche du Canada, un Noir du Cameroun : l’Afrique mère de l’humanité reçoit en son sein son enfant venu de loin.
Une femme et un homme, le Nord et le Sud, le blanc et le noir, le yin et le yang.
Quel trésor de contrastes, de contradictions et de contraires !
Elle vient de loin pour lui. Il est étranger pour elle. Ses traditions qu’elle découvre. Ses valeurs qu’il savoure.
Or, ils ne sont pas si différents l’un de l’autre. Ils s’ignorent tout simplement.
Une bouteille de Castel (bière locale) ou deux, une danse.
au son des tambours
tes épaules et tes fesses
frénétiquement
Amour de voyage, le temps si éphémère d’un séjour. Désirs concupiscents de quelques nuits assouvis.
cette femme blanche
pour ta chair de safou noir
corps et âme flanchent
Puis, ils se quittent. Il est temps pour la Blanche de retourner.
La fréquence des appels et des courriels est réduite.
Impossible amour que l’éloignement atténue davantage.
Impossible rêve. Impossible connexion entre Nord et Sud.
Diane Descôteaux et Gervais de Collins Noumsi Bouopda relatent, dans une suite de haïkus intenses et passionnés, l’histoire triste, mais combien fréquente, d’une union entre homme et femme que le destin sépare. Leurs souvenirs entretiennent leur espoir dans une poésie émouvante.
t’aimer pour toujours
cela pourrait m’arriver –
un beau jour…peut-être
Denis-Martin CHABOT
auteur & journaliste
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La note est de 5.0 sur cinq étoiles sur la base de 2 avis
15,00C$Prix
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Avis
écrire en duo – / instant de complicité / et de pure joie
Le poème est-il rêve ou réalité ? L’écrit est-il fruit d’une imagination ou d’une réalité ? Est-il si important pour nous lecteurs de savoir, ici, si le lien amoureux, fougueux et plein de désirs, relève d’une réalité – ou d’une vérité? Ces questions ne cacheraient-elles pas simplement le pouvoir et le brio d’un écrivain de nous « faire croire au réel » ?
Le réel est tout ce qui peut aller contre les désirs de l’homme et contre lequel on ne peut agir. S’il est le caractère de ce qui existe en fait, il échappe au symbolique insaisissable. Ne pas le confondre avec la réalité, ici l’échange fondé sur la rencontre qui passe par le biais du langage.
D’où le rôle du poète de ne pas dire ce qui a réellement eu lieu, mais « ce à quoi on peut s’attendre.
Le poète serait donc « un miroir trompeur » qui, comme le peintre, trompe l’œil – dangereuse illusion. Le réel, c’est une simple construction de la pensée, produit de représentations men- tales régies par des conventions précises.
Tout ceci pour te dire quoi, Diane ? Pour vous féliciter, Gervais et toi, d’avoir l’âme du poète qui, rêveur éveillé, sait utiliser les mots pour repeindre des images exactes. L’exactitude a-t-elle un rapport avec la réalité ? Non, et ça m’est bien égal de savoir si votre récit relate un vécu ou non. Il m’emporte. Vous êtes des poètes. Réellement. (juin 2014)
recueil de haïku –
fruit de l’imagination ou réalité
Peut-on parler de haïku ?
Cette histoire d’amour est-elle véritable ?
Questions incontournables mais pourtant inutiles. Là n’est pas l’essentiel.
Quand une Québécoise va à la rencontre d’un jeune Camerounais, la luciole attend la nuit pour briller dans un conte à mi-chemin entre carnet de voyage et journal intime.
Exercice difficile qui aurait exiger, dans le premier genre, d’ôter tout haïku qui n’est autre qu’un bon souvenir pour leurs auteurs et, dans le second, de trouver un équilibre entre les deux voix pour accentuer le rythme.
soirée de novembre –
viande de porc et boisson
dans un snack sympa
Malheureusement la parité n’est pas de mise et Diane Descôteaux, reconnaissable à son style rimé emprunté aux premiers haïjins français, s’accapare les 3/5 du volume.
jalouse du fruit
que tu portes à ta bouche
je veux être lui
Malgré tout, on se laisse porter par cette histoire où deux corps, noir et blanc, se cherchent et s’unissent « de haïku en haïku, vers l’amour, le sensuel et le sexuel, le matériel et le spirituel. »
Cette histoire en haïkus (chemin déjà emprunté par Lutz Bassmann avec ses Haïkus de prison) ne laisse pas indifférent.
Et c’est bien là l’essentiel.
Dominique CHIPOT