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Poésie Haïku - l’heure du thé


J’ai lu ce recueil deux fois, à deux périodes différentes. En pleine tempête de neige, pour commencer, puis au début du printemps. On retrouve dans ce livre les quatre saisons. J’aime beaucoup les thématiques de l’auteure au fil de ses parutions. Ici, chaque saison est associée à un thé différent, réconfortant.

 

C’est un recueil d’ambiance, qui met en mots parfaitement les petits détails de chaque saison: le temps des sucres du printemps, la chaleur de l’été, les feuilles d’automne, les tempêtes de neige en hiver. Pour chaque instant de l’année, un thé y est associé, un haïku également, quelques photos, des dessins et même une traduction en japonais d’un de ses haïku.

 

Une cinquième section s’ajoute aux quatre saisons avec l’après thé, qui représente tous ces moments au cours de la journée: des petits plaisirs quotidiens ou des instants capturés le temps d’un bref moment.

 

à fleur de falaise
l’épinette et le bouleau
y sont presque à l’aise

 

J’avais adoré …le chant du cygne de la même auteure, mais celui-ci, même s’il est différent, m’a énormément plu, tout autant que l’autre. J’ai l’impression de retrouver un peu de la personnalité et la joie de vivre de l’auteure à travers l’image représentative de ses poèmes.

 

Entre beauté et humour, on apprécie ses mots. Je constate aussi que malgré la difficulté de transposer la langue française avec les règles du haïku japonais, elle réussit à maîtriser l’art du haïku en respectant totalement la façon de faire idéale.

 

en ville, la nuit,
comme il n’y fait jamais sombre
un double me suit

 

l’heure du thé nous offre de très belles images poétiques. J’ai trouvé les poèmes très très beaux. J’ai eu envie de noter tous les jeux de mots et les haïkus. En relisant le recueil, alors qu’on vient d’entailler nos érables, je retrouve avec plaisir plusieurs haïkus printaniers en lien avec la cabane à sucre. Le titre m’attirait beaucoup et ce fut une excellente lecture. Le genre de livre qu’on aime conserver dans sa bibliothèque pour le relire de temps à autres.

 

Guy - 30 mars 2025

https://moncoussindelecture.wordpress.com/2025/03/30/lheure-du-the

 

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J’aime boire du thé. Le liquide est chaud, enveloppant, relaxant et … stimulant.  Oui, « l’heure du thé » est un moment à la fois apaisant et excitant. D’une part parce que nous devons faire l’acte de nous arrêter, surseoir à un débordement d’activités pour déguster et apprécier la sapidité de la boisson. Boire à petite dose. Paradoxalement, l’excitation de la caféine nous stimule.

 

En est-il de même, lorsque nous prenons « l’heure du thé », chez Diane Descôteaux. L’œuvre poétique stimule notre imaginaire, nous fait bondir dans divers lieux, nous fait ressentir mille et une odeurs, nous permet des hallucinations auditives, pour le moins que nous nous laissons imprégner de la chose.  Non, l’heure du thé n’est pas un temps banal, même si cela pouvait le devenir, il suffirait pour cela de parcourir ou de lire les textes sans s’y arrêter. Comme si nous avalions d’une seule gorgée un thé parfumé. Aucune jouissance n’y émanerait. Aucune exhalaison.

 

En fait, « l’heure du thé » nous saisit par le souffle des saisons duquel chaque image, chaque évocation nous rappelle un temps terrestre, certes, mais aussi un temps intérieur.  Un tempo saisonnier qui nous ramène à un temps présent et précis. Cela appelle les lecteurs à l’apaisement, au réconfort parfois, à une réflexion plus profonde.  Du coup, sommes-nous obligés à relire et à relire certains passages, certaines suites, quelques vers voire le recueil en entier tant il évoque en nous des moments précis de notre vie.  Et nous voici en méditation.

 

D’autre part, la stimulation vient de ce qui nous semblait anecdotique à la première lecture. Relire et s’imprégner de ce qui nous interpellait dissipe un certain flou. Ainsi, l’analyse sémique démontre que chaque unité poétique en lui-même déploie un sens formel si fort qu’un tant soit peu que nous connaissions le sens du sème évoqué, nous pouvons en faire un tableau, un arrêt sur image, un portrait auditif.  Par exemple : 

 

dans l’épais brouillard
une silhouette émerge –
plainte du huard

 

il nous vient une impression : un pastiche scénique d’un film d’Hitchcock, une humeur inquiète. Ou encore, pourrions-nous y voir un tableau de Van Gogh dans celui-ci :

 

la lune absente
et chaque étoile devient
cent fois plus luisante

 

Enfin, si nous nous fermions les yeux, cherchant le sommeil à travers une musique zen :

 

et tombe la pluie
en cadence sur le toit
contre l’insomnie

 

En somme, à « l’heure du thé », tous les mots saisissent nos sens, mais nous faut-il encore savoir lire et savoir écouter ce que le poème donne à entendre, car Diane Descôteaux évoque le Québec, le Canada, ses neiges, ses étés trop courts, ses automnes aux lumières et couleurs extraordinaires, ses printemps longs et frisquets.

 

« l’heure du thé » c’est aussi ses traditions : le poisson d’avril et la cabane à sucre (p.16-17) notamment, la réalité sociale d’un peuple : les urgences en milieu hospitalier engorgées et inefficaces (p.61). Nous pouvons dire aussi : l’œil amusant de l’auteure lorsqu’elle illustre la désagréable sensation de recevoir une contravention pour excès de vitesse sur la route (p. 51).

 

« l’heure du thé » se lit finalement à toute heure du jour et de la nuit et deçà delà sans restriction.

Diane Descôteaux est active dans divers milieux de la Francophonie y obtenant ainsi de nombreux prix autant sur le continent européen qu’en Amérique du Nord. Ses œuvres sont diffusées sur maints supports papier et électroniques où il nous est possible de la lire en tout ou en partie.

 

Lucy PAGÉ

Haïku - l’heure du thé

La note est de 5.0 sur cinq étoiles sur la base de 4 avis
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    Avis

    Noté 5 sur 5.
    Basé sur 4 avis
    4 avis

    • Benoît LEBLANC11 avr.
      Noté 5 sur 5.

      Gatien Lapointe, regretté poète québécois (1931 – 1983), a dit dans un de ses cours à l’Université du Québec à Trois-Rivières qu’il préférait la poésie au roman, car "le roman est bon trop longtemps". Pourrions-nous ici transposer la même comparaison entre le haïku et le poème ? Esquive de réponse, disons que ce sont des choses différentes et non exclusives, soit deux plaisirs attendus.


      Ainsi, Diane Descôteaux, haïjin, nous offre ici de brefs bonheurs à déguster comme de lentes gorgées de thé qu’on retient longuement dans la bouche pour mieux en apprécier les arômes.


      Benoît LEBLANC, Ph.D., Professeur titulaire

      Département de lettres et communication sociale

      Université du Québec à Trois-Rivières


    • Georges FRIEDENKRAFT10 avr.
      Noté 5 sur 5.

      Goûtons donc ce thé de l’existence et humons-en les effluves parfumés. Savourons, avec l’écriture de Diane Descôteaux, tous les instants de la vie, puisque – à quelques décennies près tout de même ! – nous sommes un peu comme les papillons, transitoires et… éphémères :


      chenille une année

      mais un seul jour papillon –

      brève destinée !


      Ce second volume de la collection kaiseki témoigne brillamment, avec Diane Descôteaux, de la vitalité du haïku francophone au Québec.


    • Christophe Jubien10 avr.
      Noté 5 sur 5.

      Chère Diane, un petit mot en passant pour te dire le plaisir que j’ai pris à lire tes haïkus pleins de charme et de malice. Moi qui étais par principe un peu contre l’usage de la rime dans le haïku, tu m’as retourné comme une crêpe ! Les principes volent en éclats quand le talent déboule, et c’est très bien comme ça ! Un grand merci et un grand bravo. (22 octobre 2021)


    • Philippe BOURRET 11 avr.
      Noté 5 sur 5.

      Je vous ai lue avec un bonheur réel et des sourires tout aussi spontanés que votre humour ne manque pas de susciter. (21 décembre 2021)

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